Contes Laïka

L’HISTOIRE D’IGOR, le petit chien
ET DE GILLES, le pêcheur
Roselyne Carrier-Dubarry

          Tout est arrivé au port de Thonon-les-Bains, en Haute-Savoie, au pays de France au bord du lac des quarante vents, quand tintent les mâts des bateaux.

Gilles le pêcheur est parti de bonne heure, comme chaque matin sur son bateau, alors que beaucoup dorment encore. L’heure est bonne pour pêcher les poissons du lac – la féra ou la perche. Il n’a pas vu le petit chien endormi sous une de ses barques.

C’est une journée de février, froide de frissons. Même si le temps est au beau, il ne fait pas bon mettre le nez dehors pour un pêcheur ou pour un petit chien. Les enfants blottis dans la chaleur du lit dorment encore, quand certains parents sont déjà sur le chemin du travail - comme Gilles le pêcheur.

Le lac est lisse comme un miroir que le bateau fend, laissant derrière lui une ride sur l’eau. La saison s’annonce bonne pour la pêche et Gilles se réjouit en pensant au retour et à la tasse de café que sa femme lui offrira avec un peu de cette brioche qu’ils viennent d’acheter au retour d’un voyage en Italie. Le bateau est maintenant lourd de poissons quand il prend le chemin du retour ; les mouettes le savent qui suivent le bateau à la trace. Vu du port, on dirait en voyant le lac et le bateau suivi par les nuées de mouettes, que le vent agite un grand voile de mariée derrière le bateau de Gilles.

Igor, le petit caniche, s’est réveillé à l’arrivée du bateau et au cri des mouettes. Il a du mal à bouger : il ne se sent pas bien ; l’hiver fut si froid et, depuis que son maître est mort à la fin de l’automne, il s’est retrouvé seul à errer dans les rues. Il s’est senti abandonné de tout le monde. Il a eu si froid dans son cœur et dans peau. Il se souvient : ce fut difficile au départ pour un caniche de son âge – il a treize ans – qui vivait en appartement auprès de quelqu’un qui l’aimait de se retrouver errant, sans son maître, sans nourriture parfois. Lui qui ne connaissait rien de la vie que la compagnie de son maître a du faire face à la solitude des rues, aux cailloux d’enfants, aux combats parfois avec des chiens pour un maigre morceau de pain. En entendant le pas de Gilles sur le quai, Igor s’est caché plus profondément sous la barque, tout petit dans sa solitude.

Gilles chantonne en mettant à sécher les filets, le geste de chaque jour, puis il se rend vers la maisonnette où l’attend un café dont il sent déjà l’arôme avant de franchir la porte.

Igor, totalement réveillé, est sorti de l’ombre de la barque. Il est allé vers l’eau pour son premier bain du jour. Il ignore, alors qu’il s’ébroue après ce premier bain matinal, que Gilles l’a vu au travers de la fenêtre tout en buvant son café. « Tiens, on dirait le caniche de mon père » s’est dit Gilles le pêcheur. Cette pensée l’a attristé, il y a longtemps que son père est mort et que son chien l’a suivi : un chien dont il se rappelle le nom – Igor.

Igor est parti vers la ville : un tour à la boulangerie au bas de la rue piétonne ou Sonia lui glisse en cachette un bout de croissant, puis un tour vers le marché où il glane toujours quelque chose - surtout avec le patron du camion de la « goulotte » qui lui glisse souvent une merguez. Le jour du marché est pour Igor un repas de gala.

Igor en quittant la place du marché qui grouille de monde se sent fatigué–lui qui a tellement de courage !

Au lendemain on l’a trouvé, allongé au bout de la rue Saint Sébastien, près de la boutique de Marguerite Meyer : Un Igor cotonneux endormi de froid qui venait de regarder avec émerveillement les fleurs sur les vêtements. C’était comme un grand jardin qui lui avait pris le regard. Il ne voyait pas le tissu – riche parfois – seulement des champs de fleurs

C’est la (SPA) Société Protectrice des Animaux du Chablais qui a recueilli Igor - le petit chien égaré. Il pourrait tant dire, s’il se faisait comprendre des hommes : son chagrin d’un être qu’il perdit, sa jeunesse où il aima, ses errances dans la solitude et le froid et depuis le havre d’une maison avec les amis de la SPA qui lui donnent tendresse et le promènent. Il se sent petit pourtant et aimerait trouver une famille aussi petite que lui.

Quelques mois plus tard le pêcheur du port, Gilles Duval, vit la photo d’un petit chien dans le journal - un petit chien du refuge de la SPA du Chablais de Thonon-les-Bains, là où soufflent les quarante vents sur un des plus grands lacs d’Europe. Gilles le pêcheur s’est dit : « c’est le petit chien de ma barque. Si j’allais le voir au refuge, histoire de voir de près ce chien qui squattait ma barque ?».

Il est dit ici au pays que Gilles le pêcheur alla au Refuge de la SPA à la quête du petit chien qu’ il adopta depuis, ce chien se nommait « Igor ». 

Igor suit chaque matin Gilles le pêcheur dans sa quête sur le lac de poissons et de rêves, quand volent les mouettes. Le petit chien n’a plus d’âge, comme Gilles le pêcheur : ils vivent de vent et d’eau, des poissons du Léman, du vol des mouettes et d’une grande amitié faite de tendresse.

On conte ici, en ville de Thonon, au pays du Chablais, l’histoire d’Igor - le petit chien de la SPA du Chablais, des enfants sages et de Gilles - le pêcheur au grand cœur du lac des quarante vents.

Puis quand descend le soir sur la ville, les enfants s’endorment et rêvent d’Igor et de Gilles.

Laïka.

A Gilles, le pêcheur du » village des pêcheurs de Thonon » pour le poisson frais qu’il m’amène à son retour au port et pour ses peintures de natures mortes sur le lac et sa faune. 
A Igor pour l’espoir des animaux abandonnés.
A la SPA pour le partage du cœur.

Laika, le 25 avril 2005.

 

Les dons peuvent être envoyés sous forme de chèques ou par virement bancaire à l’adresse sous-mentionnée.

SPA DU Chablais
Chenil de Saint Disdille
ZI Vongy
74200 Thonon
http://www.spaduchablais.asso.fr
Renseignements : 0033 4 50 70 26 54

Coordonnées bancaires
Caisse d’Epargne des Alpes
Rue du Manège
74200 Thonon
COMPTE:
SPA DU CHABLAIS N° 08778402996

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RIB
13825 00200 08775402996 39 CE des Alpes
FR76 1382 5002 0008 7784 0299 639 - BIC CEPAFRPP382 

IMPORTANT : Toutes les laisses, colliers, paniers, coussins en bon état et nourriture sont les bienvenus à la même adresse, sans oublier bien sûr ces compagnons en attente d’affection tous à adopter que vous retrouverez sur le net SPA du Chablais ou au refuge.

Un conte de : Roselyne Carrier-Dubarry


 

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